Élections américaines : quelle influence sur les marchés financiers ? - Vivium informeert
Élections américaines : quelle influence sur les marchés financiers ?
Les 60e élections présidentielles américaines, qui auront lieu le 5 novembre prochain, font régulièrement la une des journaux. Ce sera d’ailleurs d’un scrutin historique, puisque Donald Trump pourrait être élu pour un second mandat non successif, une première depuis 1893, et Kamala Harris pourrait quant à elle devenir la première femme à occuper ce poste suprême.
Quoi qu’il en soit, le résultat aura-t-il des retombées sur les marchés financiers ? En d’autres termes, devez-vous adapter vos conseils en placements, selon qui est en tête des sondages ? Nous avons demandé à nos gestionnaires quel pourrait être l’incidence de ces élections et quels secteurs pourraient profiter d’une victoire de Trump ou de Harris.
Un impact à ne pas surestimer
En ce qui concerne l’impact sur les marchés financiers, on observe d’emblée une unanimité assez marquée parmi les gestionnaires. Si à court terme, une certaine volatilité peut se rattacher à la victoire de l’un ou l’autre candidat, à moyen et long terme, les facteurs économiques fondamentaux, les bénéfices opérationnels et la politique monétaire de la Réserve fédérale et d’autres banques centrales priment sur la question de savoir qui élira domicile à la Maison Blanche.
Historiquement, on ne remarque pas de différence significative au niveau des performances boursières moyennes, selon que le pays était dirigé par un démocrate ou un républicain. Stefan Duchateau (PTAM) souligne néanmoins que « les meilleures performances sur les marchés des actions ont été réalisées dans le passé lorsque la Maison Blanche était occupée par un président démocrate, avec un Congrès entièrement composé de sièges républicains ou au moins une majorité au sein de l’une des deux Chambres ».
La situation dans laquelle un président républicain a été confronté à une majorité de sièges du parti démocrate dans au moins l’une des Chambres, s’est également avérée positive par le passé pour les marchés des actions. Il s’agit donc du scénario préféré de nos gestionnaires : celui où un président (quel qu’il soit) ne peut pas prendre de mesures trop téméraires et imprudentes, et ou les marchés financiers ne sont donc pas entravés par de multiples modifications du cadre législatif, pour que l’ensemble gagne en stabilité.
En ce sens, les élections de mi-mandat (aussi le 05/11/2024) où tous les membres du Congrès et un tiers des sénateurs doivent être réélus, sont au moins aussi importantes que les élections présidentielles.
Trump – Harris : 1 – 2
L’impact sur les marchés financiers a beau être limité, un président peut bien entendu favoriser certains secteurs par rapport à d’autres. C’est pourquoi nous avons également demandé à nos gestionnaires quel était leur candidat préféré, compte tenu de la composition et des objectifs d’investissement des fonds.
Vous trouverez ci-après la vision d’Amundi, de PTAM, de Funds For Good et de Shelter. La vision de Degroof-Petercam sur l’impact des élections américaines est disponible en direct.
Le 8 octobre (à Lier), le 9 octobre (à Waregem) et le 15 octobre (à Waterloo), Vivium organisera, en collaboration avec DPAM, trois événements permettant de combiner le volet académique avec une activité sportive.
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Amundi – Harris
Amundi affiche une légère préférence pour une victoire de Kamala Harris. Les fonds d’actions Global Climate Change ETF, Water ETF et Energy Transition Fund investissent beaucoup dans des entreprises qui n’ont pas vraiment intérêt à assister à la victoire d’un président qui nie manifestement le changement climatique. Katrien Pottie, d’Amundi, souligne toutefois le fait que « les entreprises des secteurs des infrastructures durables et de la transition énergétique ont très bien performé entre 2017 et 2021 (premier mandat de Trump) ».
Par ailleurs, la transition verte mise en œuvre sous Biden offre un potentiel considérable de création d’emplois et peut aussi réduire la dépendance vis-à-vis des importations (surtout chinoises). Ce dernier élément, en particulier, doit réconforter Trump.
Quelques exemples de projets spécifiques déjà annoncés :
- Ford construit un complexe de production de véhicules électriques d’une valeur de 5,6 milliards de dollars dans le Tennessee, et prévoit de créer environ 6 000 emplois.
- Hyundai investit 9 milliards de dollars dans la construction d’usines de batteries en Géorgie, avec 8 000 emplois à la clé.
- First Solar, Enel et Qcells construisent de nouvelles usines pour la production de panneaux solaires d’une valeur de 4,5 milliards de dollars.
En ce qui concerne nos fonds d’actions, Amundi fait donc peu de cas de qui deviendra président. Concernant le fonds obligataire Euro Corporate SRI Bonds ETF, Amundi craint en revanche une inflation plus élevée sous Trump que sous Harris. L’augmentation des droits de douane sur les importations chinoises et européennes entraîne en effet une hausse des prix des produits. Et une hausse de l’inflation signifie une augmentation des taux d’intérêt.
PTAM – Trump
Selon Stefan Duchateau, il n’y a en tout cas pas lieu de s’inquiéter des discours parfois musclés propres à une campagne électorale. « En effet, chacun sait qu’il existe généralement un monde de différences entre ce qu’un candidat à la présidence affirme et ce qu’un président élu fait finalement. »
Sur base de ce qui est dit, vous pourriez tirer des conclusions très simples.
« Il est clair que Trump favorisera les secteurs bancaire et énergétique. Le premier mécanisme consiste à libéraliser en profondeur, le second à sortir les combustibles fossiles de leur mauvaise posture. Les actions européennes (droits de douane), et les obligations (inflation accrue) en particulier, doivent pour leur part être évitées. D’autre part, une victoire de Harris peut être considérée comme défavorable pour le secteur pharmaceutique et pour les Big-Techs, mais comme un positive pour les obligations et à même de dissiper les craintes d’un coup de massue sur les marchés d’actions européens. »
Toutefois, comme Amundi, le professeur Duchateau souligne la différence entre théorie et pratique. Les actions du secteur Clean Tech ont réalisé un meilleur rendement que leurs concurrents fossiles pendant le mandat de Trump, et un moins bon rendement sous la politique de Biden. Le favoritisme politique ne constitue certainement pas une condition suffisante pour réussir.
Il est donc quasiment impossible de tirer une conclusion générale. Pourtant, selon Stefan Duchateau, les marchés financiers ont une légère préférence pour une victoire de Trump, si possible combinée à une majorité parlementaire démocrate. Pas par sympathie, mais par pur calcul. Une victoire serrée de Harris pourrait en effet creuser davantage le fossé symbolisant la désunion aux États-Unis, de sorte que les opposants à l’idéal de liberté occidentale y verraient l’occasion d’attiser toutes sortes de foyers géopolitiques qui couvent.
Funds For Good – Harris
Le fonds FFG Global Flexible Sustainable étant principalement investi dans des secteurs susceptibles de profiter de l’élection de Kamala Harris, cette dernière bénéficie d’une légère préférence. À condition toutefois qu’elle puisse concrétiser pleinement son programme. Comme c’est très improbable, le gestionnaire se concentre plutôt sur la recherche d’entreprises affichant des marges élevées, un solide avantage concurrentiel et une croissance bénéficiaire positive. En d’autres termes, des entreprises dotées de bases solides pour naviguer dans notre monde changeant.
Shelter – Aucune préférence
En ce qui concerne le Dynamic Multi Fund, le gestionnaire n’a pas de préférence de candidat. Le fonds dispose de la flexibilité nécessaire pour répondre à l’évolution des conditions du marché. Même si l’Europe et les États-Unis se mettent mutuellement des bâtons dans les roues en instaurant divers droits de douane, et que d’autres pays en profitent (Inde, Vietnam…), le gestionnaire peut anticiper.
En ce qui concerne une inflation accrue, Shelter n’a pas de préférence. « Il semble que la politique des deux présidents potentiels sera inflationniste. Harris investira probablement dans l’énergie verte (plus chère) et la relocalisation de l’industrie. Trump veut récupérer des emplois sur d’autres continents, ce qui aura un impact sur les prix des produits. »
11 septembre 2024