Les taux vont baisser. Oui, et alors ?

Après des dizaines d’années de baisse des taux d’intérêt, en 2022 et 2023, nous avons subitement assisté à leur forte hausse, ce qui a ravivé l’attrait pour les comptes à terme, les produits de la branche 21 et même les bons de caisse. Aujourd’hui, les marchés financiers semblent à nouveau être à l’aube d’une période de baisse des taux. Pour le marché américain, le taux directeur devrait même perdre de 100 à 125 points de base avant fin 2024. 

Pourquoi les marchés prévoient-ils une baisse des taux ? 

De 1994 jusqu’à la pandémie de Covid, l’évolution des taux était à la baisse (graphique 1). Depuis 2014, les taux à court terme ont été négatifs, et même les taux à long terme sont à un moment donné, passés sous zéro. La Banque centrale européenne (BCE) entendait ainsi soutenir la très faible croissance économique dans la zone euro, suite à la crise de la dette européenne. 

Graphique 1 : Évolution OLO 1 an et OLO 10 ans (Source : BNB)

La pandémie de Covid et la guerre en Ukraine ont généré des augmentations de prix et une hausse de l’inflation, en raison de la pénurie de certains biens et des problèmes d’approvisionnement. Pour lutter contre l’inflation, les banques centrales sont intervenues. La BCE a ainsi relevé progressivement son taux directeur de -0,25% jusqu’à un pic de 4%. 

Depuis 2024, l’inflation recule, et celle attendue pour les années à venir avoisine désormais les 2%, l’objectif des banques centrales. En outre, il apparaît clairement que les taux d’intérêt élevés ont un coût économique considérable : le chômage grimpe et la croissance économique semble s’arrêter. Une baisse des taux pourrait à nouveau donner de l’oxygène aux entreprises. Une attente trop longue pourrait augmenter le risque de récession. En juin 2024, la BCE a abaissé son taux pour la première fois. Le marché s’attend à de nouvelles baisses de taux, tant aux États-Unis qu’en Europe. 

En tant que conseiller financier, comment réagir à cette (ces) baisse(s) de taux annoncée(s) ?

1.    Pour vos clients ayant peu de goût pour les risques : fixez leur taux pour une durée plus longue

Les 22 milliards libérés par l’arrivée à terme du bon d’État sont très convoités, ce qui explique les nouveaux produits, les actions ou les taux exceptionnels lancés par de nombreux acteurs financiers. Il est frappant de constater que le rendement le plus élevé provient des produits à court terme. Cela n’a rien d’étrange, car depuis 2023, nous sommes confrontés à une « courbe des taux inversée » (graphique 2). Le taux à court terme est plus élevé que le taux à long terme. 

Pour un épargnant, un taux d’intérêt élevé à court terme est évidemment alléchant, mais qu’en est-il à l’échéance ? Si vous investissez à un an, vous devez tenir compte du fait qu’à la fin de cette année,  réinvestir se fera probablement à un taux moins attractif. N’est-il pas préférable d’opter aujourd’hui pour un rendement garanti sur plusieurs années, au moins pour une partie de votre épargne ? 

Prenons l’exemple d’un capital investi sur un compte à terme, moyennant un « taux exceptionnel de 4% » (2,8% net) pendant un an, et un taux de 2% net pour les sept années suivantes. Comparons-le au même investissement dans un Bon d’assurance de Vivium (actuellement proposé avec un rendement brut de 2,55% pour huit ans, frais d’entrée maximum et action 2% inclus).

  Compte à terme  Bon d’assurance Vivium
  Rendement net Réserve Rendement net Réserve
Après 1 an 2,80% 10.280EUR 2,55% 10.001EUR
Années 2 – 8 2,00% 11.808EUR 2,55% 11.897EUR

 
2.    La branche 23 devient plus intéressante pour vos clients disposés à prendre certains risques

Une baisse des taux constitue généralement une bonne nouvelle pour le marché des actions et des obligations. 

Actions

Comme les emprunts sont meilleur marché, les charges d’intérêts diminuent pour les entreprises, et leur rentabilité augmente. En outre, les placements à taux fixe deviennent moins intéressants, ce qui entraîne une demande accrue d’actions. 

Les actions de croissance, small et midcaps en particulier, profitent d’un taux plus bas, leurs coûts de financement étant proportionnellement plus élevés. 

Dans l’offre de Vivium, c’est surtout l’Energy Transition Fund qui pourrait bénéficier d’un taux inférieur. Le fonds est composé à 50% de small et midcaps, et surtout d’actions de croissance. Les moins bonnes prestations de ce fonds au cours des deux dernières années sont donc largement dues à la hausse des taux pendant cette période. Le Water Fund investit lui aussi principalement dans de petites entreprises (tant des actions de croissance que de valeur). De plus, ce fonds n’a guère souffert de la hausse des taux, ce qui souligne la solidité du thème. 

Mais il s’agit aussi d’un avertissement. Comme mentionné au point 1, la courbe des taux est actuellement inversée. Par le passé, cela s’est avéré être un bon indicateur de récession imminente, ce qui est évidemment moins favorable pour les actions. Il ressort toutefois d’un sondage mené auprès de nos gestionnaires de fonds, qu’ils estiment aujourd’hui très faible la probabilité d’une récession. 

Obligations

Si les taux baissent, les cours des fonds obligataires augmentent. Même si ce phénomène semble illogique, il est simple à expliquer. En cas de baisse des taux, une obligation existante (avec un taux plus élevé) gagnera en valeur. La mesure dans laquelle les fonds obligataires augmentent ou baissent en cas de variation des taux s’appelle, la sensibilité aux taux, et dépend principalement de la durée moyenne des obligations du fonds. La sensibilité aux taux est exprimée en un nombre, la duration d’un fonds. En cas de baisse des taux, il est donc recommandé d’investir dans des fonds à duration élevée.

Pour l’Euro Corporate SRI ETF Fund, la duration est aujourd’hui de 4,30, soit légèrement supérieure à la moyenne de la catégorie sur Morningstar. Pour le PTAM Global Allocation Fund, la duration du portefeuille obligataire est même de 6,77. Il va de soi que les temps sont durs pour gestionnaires de portefeuilles obligataires qui doivent augmenter la duration, alors que la hausse de taux fait place à une baisse. Nous vous tenons au courant des évolutions via les factsheets de nos fonds ou des mises à jour dans le fil d’actualités sur V-Connect. 

Si une baisse de taux n’est pas réjouissante pour notre Money Market Fund, ce n’est pas non plus une catastrophe. L’objectif principal du fonds est de contrer la dépréciation. Tant que le taux à court terme n’est pas négatif, cela ne peut pas poser de problème. Ceux qui avaient investi dans ce fonds au cours de l’année écoulée ont eu droit à un rendement inespéré de 3,39%. 

3.    Vos conseils gagnent en importance 

Si les clients bénéficient d’un taux d’intérêt « élevé » sur leur livret d’épargne, un compte à terme ou une assurance-vie de la branche 21, ils éprouvent moins le besoin d’avoir des conseils en matière de placements. Pourquoi prendre des risques quand on peut contrer l’inflation grâce à un placement sûr ? Une baisse des taux d’intérêt suscite l’intérêt des clients pour des conseils de professionnels.  

L’émission du bon d’état l’année dernière a également modifié la donne, puisqu’une grande partie de l’argent « dormant » a été retirée des comptes d’épargne. Aujourd’hui, l’arrivée à terme du bon d’état, c’est l’occasion d’investir une partie de l’argent libéré à plus long terme. Cependant, vu les nombreuses actions proposées, un part non négligeable de ces sommes sera à nouveau immobilisé pour une période de 1 an, et libre l’année prochaine.

Convaincre un client d’investir pour la première fois dans des fonds, ce n’est pas toujours simple. Un taux d’intérêt bas peut le motiver à s’essayer à la branche 23, éventuellement avec un plan périodique.

16 septembre 2024